Cancer de la prostate : pourquoi est-il important d’en parler ?

Un homme lit et écoute de la musique

En France, le cancer de la prostate représente près de 26 % des cancers masculins. Il est donc le cancer le plus fréquent chez l’homme et survient, dans plus de 65 % des cas, chez des hommes âgés de 65 ans et plus1. En 2020, cette maladie touchait 3 371 090 hommes2. Cette maladie, en plus d’inquiéter quant à son issue, est difficile à vivre émotionnellement : elle touche à l’intime.

 

De nombreux hommes atteints d'un cancer de la prostate, ainsi que leurs aidants, ont souvent du mal à évoquer leurs inquiétudes lors des discussions autour de leurs traitements en raison de la pudeur qu’ils ressentent. Pourtant, le développement de nouveaux traitements signifie que le médecin a plusieurs options à considérer pour ses patients.

 

Robert S. Greene, fondateur et président de la Fondation HungerNdThirst3, membre du conseil d'administration de l’European Cancer Patient Coalition4, est convaincu de la nécessité de parler davantage de cette maladie. Il intervient ici tant en écho à son expérience de défenseur des patients qu’en tant qu'homme qui a personnellement vécu le cancer de la prostate.

Interview de Robert S. Greene – Fondateur et président de la fondation HungerNdThirst

Bayer : Robert, pourquoi est-ce important pour vous de donner la parole aux patients atteints de cancer de la prostate et à leurs soignants ?

 

Robert S. Greene : J'ai moi-même été diagnostiqué d’un cancer de la prostate à un stade précoce en 2018. Cela faisait suite à un diagnostic de cancer du côlon cinq ans auparavant. Je suis devenu un patient cancéreux « professionnel », même si ce n'était pas la « carrière » que je m’étais imaginée.

 

J'ai la peau noire. Des études montrent qu'un plus grand nombre d'hommes à la peau noire meurent du cancer de la prostate que d'hommes à la peau blanche, ce qui peut être attribué à divers facteurs de risque environnementaux, tels que la consommation de tabac et d'alcool et l'alimentation, ainsi qu'à des facteurs socio-économiques, notamment l'accès au test de l'antigène prostatique spécifique (PSA), qui permet de détecter un cancer de la prostate à un stade précoce. Ainsi, donner la parole à d'autres hommes vivant avec le cancer de la prostate est encore plus important pour moi.

 

 

D'après votre expérience, à quel moment est-il important de se renseigner sur le cancer de la prostate et les options de traitement disponibles ?

 

Comme il s'agit du deuxième cancer le plus fréquent chez les hommes, nous devons nous assurer que le grand public connait mieux cette maladie. Être informé est essentiel pour être attentif aux symptômes et ne pas retarder une éventuelle visite chez son médecin. Et dans le cas d’un diagnostic, cela permet de poser les bonnes questions à son médecin : à quoi s'attendre, avoir des discussions éclairées sur ce qui compte le plus pour soi et pour ses proches… 

 

 

Il existe de nombreuses options de traitement différentes pour le cancer de la prostate. Comment les professionnels de santé peuvent-ils accompagner les hommes lors des discussions sur le traitement ?

 

Je crois que les professionnels de santé doivent aller plus loin dans les échanges afin de mieux comprendre la personne et ses objectifs personnels. D'après mon expérience personnelle, j'ai constaté que les professionnels de santé qui s'occupaient de moi ne demandaient pas mon avis sur le traitement ou sur l’impact de celui-ci dans mes activités quotidiennes. Leur attention était concentrée sur mes résultats sanguins.

 

Il y a eu une consultation où je voulais en savoir plus sur ce que je pouvais attendre d'une option de traitement particulière pour mon cancer de la prostate, y compris comment je devrais être préparé émotionnellement - mais on m'a dit que ce n'était pas le moment approprié pour aborder ce type de question. 

 

Peut-être parce que les professionnels de santé ne sont pas tous pleinement conscients de l’aspect stress émotionnel et social qu'un diagnostic de cancer entraîne, la qualité de vie est moins prise en considération que l’efficacité du traitement. 

 

Si ces conversations ouvertes n'ont pas lieu, cela peut affecter le résultat du traitement ainsi que le bien-être émotionnel d'un homme atteint d'un cancer de la prostate.

 

 

Quel rôle les associations de patients jouent-elles pour donner aux hommes les moyens de parler de leur qualité de vie ?

 

Il y a beaucoup de choses que les associations de patients peuvent faire, et cela m'inclut en tant que défenseur des patients. Il est important de rappeler qu'il ne suffit pas d'imprimer une brochure ou de mettre du contenu sur le site web, car de nombreuses personnes cherchant cette information peuvent déjà avoir un diagnostic. Nous devons commencer à éduquer plus tôt. Le moment où nous essayons d'intervenir dans la conversation peut être trop tard si la décision concernant un traitement a déjà été prise.

 

 

Que peut faire tout un chacun ou la société pour mieux soutenir les hommes atteints d'un cancer de la prostate ?

 

Nous discutons de presque tout dans le monde dans lequel nous vivons, et le cancer de la prostate est susceptible d'avoir un impact sur nos vies. Mais les personnes oublient souvent que cela peut les affecter directement.
 

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