Les agrumes en danger : que faire contre la maladie du dragon jaune ? 

Lime tree

La maladie du dragon jaune menace la production mondiale d’agrumes. Également appelée HLB en raison de son nom chinois Huanglongbing, ou encore « citrus greening » en anglais, elle se manifeste par le jaunissement des feuilles, puis la déformation des fruits, avant de faire mourir les arbres. À ce jour, aucun traitement ne semble efficace. Un défi pour les chercheurs universitaires et industriels qui allient leurs forces pour trouver des solutions et endiguer le phénomène ! Car le risque n’est pas une raréfaction de la denrée ou une augmentation de son coût, mais bel et bien celui d’une totale disparition.  

Les origines de la maladie du dragon jaune

Cette maladie mortelle pour les arbres agrumes a été découverte en Chine en 1919. Elle est propagée par le psylle, un minuscule insecte vecteur d’une bactérie ravageuse, le Liberacter candidatus. Au cours des quinze dernières années, la bactérie a été détectée dans sept des dix principaux pays producteurs d'oranges et a décimé des plantations en Asie, au Brésil, en République dominicaine et aux États-Unis.  
 

On pense qu'elle a été introduite par des agrumes importés, mais une étude menée par des chercheurs de l'université de Floride et de Virginia Tech a conclu que le changement climatique permettra au psylle - qui se développe dans des températures comprises entre 15 et 32 degrés Celsius - de continuer à se propager à mesure que les températures mondiales augmentent.  

Quelles conséquences pour les vergers d’agrumes ?

Le ravageur se multipliant rapidement, au rythme de 30 générations en un an, la dévastation se propage à grande échelle. Aux États-Unis, au cours de la dernière décennie, une baisse d’environ 21 % du marché des agrumes frais et de 72 % de la production d’oranges est liée au dragon jaune. En Chine, 25 % des vergers de la province de Jiangxi, première productrice, a péri à la fin de 2018. Au Brésil, la maladie a eu raison de 52,6 millions d'orangers doux, soit une réduction de 31 % de la superficie depuis 20041.

Une maladie à ce jour incurable  

La lutte contre cette maladie est difficile pour de nombreuses raisons. La bactérie responsable ne peut se propager que dans le système circulatoire de l'arbre ou dans l'intestin de l'insecte, ce qui rend son dépistage et son étude difficiles. Il est également ardu de repérer la maladie car il faut parfois des années avant qu'un arbre infecté ne présente des symptômes visuels. La maladie lui sera toutefois fatale en trois à cinq ans.  
 

Pour tenter de lutter contre la maladie, les producteurs pratiquent l'élimination des arbres infectés, l'augmentation du temps consacré au dépistage et l'augmentation des applications de protection des cultures. Des traitements nutritionnels sont également utilisés pour lutter contre la perte de nutriments qui résulte de la maladie.  

Une recherche active  

La compréhension de la bactérie responsable, de l'insecte qui la transmet et des plants d'agrumes eux-mêmes est essentielle pour trouver des solutions durables et plus abordables à long terme. L’identification de « modèles de bactéries », avec des caractéristiques spécifiques, révèlent de nouvelles possibilités de méthodes de lutte. Les domaines prometteurs de la recherche microbienne comprennent les traitements antibactériens, l'enrichissement du système immunitaire des agrumes, la lutte ciblée contre les insectes et la sélection de plants d'agrumes résistants. 

Un espoir issu d’un travail collectif

En août 2017, Bayer a démarré un partenariat de recherche dirigé par la Citrus Research and Development Foundation (CRDF), une organisation à but non lucratif en Floride soutenant les producteurs d’agrumes. La recherche adopte deux approches :   

  • Rechercher des microbes d'origine naturelle qui pourraient lutter contre la maladie des agrumes en tuant la bactérie qui en est la cause.  
  • Cribler des composés synthétiques pour déterminer s'ils peuvent renforcer le système de défense de la plante. Cela fonctionnerait un peu comme un vaccin pour les plantes, qui inciterait l'arbre à activer ses défenses naturelles pour combattre la bactérie responsable.  

La collaboration a déjà conduit au développement d'un système qui permet un criblage accéléré, ciblé et plus rentable de souches antimicrobiennes capables d'inhiber ou de tuer la bactérie responsable. Le système à haut débit est ouvert aux scientifiques du monde entier et permet de tester environ 500 souches par trimestre.